Kabylie : "...ça chauffe !"

Tizivertneige

Illustration : Tah'art

 

       En attendant l'arrivée du gaz de ville et son interminable chantier qui sillonne en ce moment bon nombre de régions en Kabylie avec ses équipes de fossoyeurs de tuyaux aux abords des routes sinueuses de Kabylie, nos villageois prennent pour le moment leur mal en patience et auront recours encore cet hiver aux moyens de chauffage et de cuissons habituels.

       De nos jours, rares sont les familles qui se chauffent encore au feu de bois comme l'ont toujours fait nos ancêtres par le passé. Sauf qu'avec les habitations modernes, il devient impossible d'utiliser ce procédé, à moins que l'on dispose d'un poêle à bois. A défaut d'un poêle de ce genre, quelques villageois kabyles aménagent une chambre dans la cour de leur maison où on alimente un feu de bois du matin au soir. Une chambre qui ressemble plus à une cabane qu'à une vraie chambre, mais qui est construite avec des matériaux modernes et qui fait office d'un prolongement du salon de la maison.

       Certes enfumée, mais la cabane qui manque cruellement d'isolation demeuse chauffée toute la journée durant. Mais, qu'en est-t-il des autres espaces de la maison villageoise kabyle : le salon, les chambres et les couloirs ? La cuisine, comme la cabane, ne souffre pas de ce froid venant du haut de la montagne de "Tizibert" de la chaîne du Djurdjura, elle beigne constamment dans une ambiance de Sauna où se mêlent les vapeurs des plats cuisinés sur la gazinière et les lumières bleues de ses réchauds tous en marche, et l'odeur du piment fort qui nous réchauffe avant même de le déguster. Pour chauffer ces autres espaces, la majeure partie des villageois en Kabylie font appel au poêle à mazout. Installé dans un couloir ou dans le salon, il permet -quand la maison est assez isolée- de chauffer tous ces espaces jusqu'au moindre recoins et de se moquer de ces flacons de neigne qui se projettent sur les vitres comme des étoffes de "laine froide".

       La nouvelle maison kabyle est conçue sans prendre en compte son espace, sans aucune réflexion quant à son intégration dans un ensemble. Serait-elle victime d'un aménagement chaotique du territoire ? Elle ne ressemble pas à son ancêtre qui est batie à base d'élément extraits de son environnement montagneux, voire animal : de la pierre, de la terre et du torchi (une technique très ancienne à base de paille de terre et de bouse de vache) qui confèrent aux murs une isolation sans égal.

       Si la toiture de la maison ancestrale kabyle est composée de roseaux, de branches et de cordages qui supportent ce tissage de tuiles en rangées, la plupart des maisons kabyles actuelles ne sont qu'un assemblage de briques ou de parpaings et du béton. Aux périodes des grands froids, l'humidité envahie les murs et les plafonds pour former de grosses gouttelettes de buée qui glissent comme des larmes froides tout le long des parois pour s'écraser sur les carrelages de cette maison kabyle "moderne".

       L'autre moyen de chauffage adopt par les kabyles des montagnes est la résistance éléctrique et le bain d'huile. L'utilisation des résistances est cependant plus restreinte comparée aux autres moyens de chauffage et ce à cause de leur consommation excessive de l'électricité. Son usage se limite alors souvent aux derniers moments où on se chauffe à la fois les pieds et l'atmosphère de la chambre avant de retrouver la timide chaleur d'un lit que seul un mur de quelques centimètres sépare de la tempête de neige. Il faut dire que les coupures d'électricité en cette période de grands orages et de neige sont fréquentes. Les habitants des montagnes kabyles prennent alors leurs précautions et ne comptent plus sur ces petits cordons ou plaques rouges qui ne dépendent pas de leur souffle pour rester vifs.

       En attendant la chaleur du gaz de ville, les montagnards kabyles se chauffent comme ils peuvent, mais la chaleur qui demeure la plus adéquate, économique, écologique et à la portée de ceux qu l'apprécient, c'est cette chaleur humaine de la famille kabyle unie et réunie.

 

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"La place publique de Lemsella : Brachma". Hiver 2003. Photo : Mohand Ameziane CHIKDENE.

 

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"Les habitants de Lemsella dans une partie de chasse-neige". Hiver 2003. Photo : Mohand Ameziane CHIKDENE.

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 "Lemsella sous la neige". Hiver 2003. Photo : Mohand Ameziane CHIKDENE.

 

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 "Réserve de bois" Lemsella 2010. Photo : Tah'art.

 

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 "Une ruelle de Lemsella sous la neige". Hiver 2003. Photo : Mohand Ameziane CHIKDENE.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Tah'art.

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K
<br /> formidable merci a tous et a toutes<br />
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