Dda Lvachir, le poète-philosophe de Lemsella

De la même étoffe que "Qasi Udifella", "Yusef Uqasi" ou "Ccix Muhend u Lhusin", Dda Lvachir Awcic, de son vrai nom "Hulawi Bacir", du village Lemsella d'Illoula ou malou, a mené une vie de poète-errant, tout comme "Si Muhend u Mhend" qu'il avait, sans nul doute connu au cours de son séjour à Tunis. Doté d'une mémoire infaillible, Dda Lvachir récitait les poèmes de "Si Muhend" sans effort aucun, ça coulait "am aman" : comme le ruissellement de l'eau d'une source.

        Célibataire toute sa vie durant, il habitait une chambre-maisonnette au beau milieu du village. En passant devant sa porte, j'osait à peine, comme tous les habitants du village, jeter un coup d'oeil à l'intérieur sombre de sa demeure, de peur de me faire injurier et d'essuyer une insulte de plus. Il est vrai qu'à l'époque "années 70", les gamins de mon âge ne le ménageaient pas non plus, on aimait bien se moquer de lui et le tada quiner.

 Dda Lvachir        Dda Lvachir, sous le soleil au zénith, dans l'artère principale du village,  

à mi-chemin, entre sa maison et Tajmaξt. Photo : Arezki AOUCHICHE.

       

  dalvachir

        Sa sagesse et son verbe me font penser au grand philosophe "Socrate". Sa présence sur la place publique du village "comme Socrate à Athènes", représentait un événement en soi. On l'écoutait avec attention et déléctation. Il avait une réponse à tout. Même les habitants du village, du même âge que lui ne se permettaient pas de le contredire dans la moindre de ses affirmations. Sa connaissance des traditions, de la nature, des herbes médicinales, etc. était époustoufflante. Comme je l'avais signalé dans mon précédent article :

         "...A l'image de Dda Lvachir, qui (par-delà sa mal-voyance), plaçant sa main droite au-dessus de ses sourcils en guise de store et embrassant de son regard l'horizon, devine le passage d'une brume ou les premières gouttes de pluie dans les minutes, les heures ou les jours à venir."

       En empruntant les petites ruelles du village, on le devinait sans même le voir, et ce grâce au bruit de sa canne en fer sur les cailloux qui se trouvaient sur son passage. Sa petite chèvre blanche est l'une des choses les plus précieuses auquelles il tenait. Du haut de ses quatre-vingts ans, et malgré sa myopie, il grimpait jusqu'au sommet d'un frêne pour remplir de feuilles son sac de joute à sa chèvre qui l'attend, tel un chien fidèle, aux alentours de l'arbre.

 

 

 


        Dans mon prochain article sur "Dda Lvachir", je compte sur les témoignages de tous les habitants de Lemsella. Vous avez une photo de lui, un poème, une anecdote, n'hésitez pas à me l'envoyer, soit sur le contact "Kabylie des plumes" ou alors sur Face Book.

        Cet article est à la mémoire de notre ami Saïd Hamel, qu'il repose en paix.

Ma pensée va également à Mohand HAMEL, qui un jour a dédié son article publié dans "ASALAS", le journal de l'Association Tighilt 1993 en écrivant :

       

           "Je dédie cette modeste recherche à Dda Lvachir : une bibliothèque brulée !"


ddaLvachir2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


  • Illustrations : Dessins de Tah'art, "Dda Lvachir, quelque part dans ma mémoire." Peinture sur papier noir. 
  • Je compte sur vos témoignages, et n'hésitez pas à me laisser un commentaire à votre passage sur ce site. Merci.

                                                                                        Tah'art.

       

       


 

 

 

 

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S
<br /> azul fell-wen marra et azul en particulier a mon ami arezki le prof d'anglais, <br /> <br /> <br /> je vous fellicite pour le travail que vous faites.vous immortaliser notre culture et nos hommes.<br /> <br /> <br /> message a arezki :achou irouhan ???ITE 1987-1989<br />
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H
<br /> <br /> "argaz yettfen di nifis yettaf tisura lhvesis"<br /> <br /> <br /> "Les racines des ancetre sont tenaces<br /> <br /> <br />  Vont en quete de nous<br /> <br /> <br />  La rouille a ronge les jougs "<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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Tahar HOURI © 2015 -  Hébergé par Overblog