Spinoza, le kabyle et l’algérianité.

 

"On ne naît pas citoyen on le devient."  Spinoza.

Maintes fois, j’ai entendu dans des bistrots parisiens cette question :
« Etes-vous kabyle ou algérien? », Généralement posée par un français. Le problème ou la confusion est, bien entendu, identitaire.

Le droit naturel, celui de se sentir et de vivre « sa Kabylité » est la condition sine qua non, et le chemin qui conduit à l’algérianité. C’est le déni de ce droit qui a donné naissance aux idées séparatistes à lesquelles sont contraints de nombreux citoyens kabyles.

« Ce n'est pas pour tenir l'homme par la crainte et faire qu'il appartienne à un autre que l'État est institué… » disait Spinoza. Ce n’est donc sûrement pas en empêchant le peuple kabyle de vivre sa Kabylité qu’on fera de lui un bon algérien ! « …au contraire c'est pour libérer l'individu de la crainte, pour qu'il vive autant que possible en sécurité, c'est-à-dire conserve, aussi bien qu'il se pourra, sans dommage pour autrui, son droit naturel d'exister et d'agir. »

ajoutait Spinoza.

La citoyenneté est un cheminement, et les hommes ne naissent pas citoyens mais le deviennent. Ils le deviennent par la liberté d’être eux-mêmes et non par la crainte et la contrainte. « …il est institué pour que leur âme et leur corps s'acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu'eux-mêmes usent d'une Raison libre, pour qu'ils ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu'ils se supportent sans malveillance les uns les autres. La fin de l'État est donc en réalité la liberté. » selon Spinoza.

La résistance qu’oppose le peuple kabyle depuis que l’Algérie est Algérie est semblable à celle qu’exprime le corps à l’aide de son système immunitaire à l’égard d’un corps étranger. Et en sortant de sa Kabylie pour aller dans quelque endroit en Algérie, il arrive parfois qu’on lui rappelle qu’il est lui-même un corps étranger dans la contrée en question. Cette piqûre de rappel, n’est-elle pas censée le renvoyer encore plus loin dans sa différence et l’éloigner de cette citoyenneté étatique qu‘est l‘Algérianité ? Et que font les gouvernants de la cité pour endiguer ce renvoi négatif du peuple vers soi ?...C'est l'évidence même : le contraire de ce qu'ils doivent faire !

                                                                            Tah'art. 

                                               

Comments

[Reza]

le choix du kabyle, c'est d'être lui même et non Algerien....

[Reza]

Merci pour ce billet tres inspirant, le kabyle à fait son choix c,est à l'Algrien de faire le sien.... Tanemmirt a Gma

[Zaara]

Je trouve ce passge super interessant et tellement vrai.....


ça fait d'autant plus plaisir de voir que de plus en plus de gens comme toi voient ce ''problème'' avec diplomatie.


Très bonne continuation

[nanruy]

Je veux juste dire qu'on disant je me cite (sur tous nous avons inventé l’alphabet) que je voulais dire sur tous nous avons inventé notre
propre alphabet se que est pas le cas de beaucoup de civilisations contemporaine  

[nanruy]

Salut Tahar  comme la dernière fois je tiens toujours a resté anonyme


se que j'ai remarque quelque part dans tes écrits, et c'est le cas dans toutes les discussions kabyles, c'est la
soif d'être reconnu par les autres "les européens", nous devrions apprendre a être fière de nous de notre langue de notre histoire qu'on se reconnaisse nous même, comme un peuple a part entier
avec notre  identité, culture, fière et digne de nos aïeux qui malgré la pauvreté des sols malgré les pentes abrupte ont su survivre et gardé l'héritage de leurs aïeux ils ont su
survivre avec de petites joies partagé avec chaleur et humanité


C’est vrai qu’on n’a pas inventé la démocratie mais on la pratiquais lors de nos réunions dans les  villages ou toute personne a droit à la parole


C’est vrai qu'on n’a pas inventé le social, mais, aussi on le pratiquais avec le partage entre voisins et entre
villageois


L’Europe c'est jusqu'a ce dernier siècle qu'elle commence a parlé et a ^pratiqué  la social-démocratie pour
beaucoup d’autres peuples c’est encore une utopie


Sur tous nous avons inventé l'alphabet que peu de peuples ont eux l'honneur d'écrire avec le leurs et c'est un alphabet
qui est beaucoup plus évolués que beaucoup d'alphabets qui son utilisé dans les temps contemporains


Cessons d’attendre la reconnaissance des autres soyons plus confiant en nous et plus décisionnaire écrivons comme toi tu
le fait si bien mais avec notre langue pas seulement les poèmes et la moeurs kabyle mais les techniques et toute autre science, nous avons tellement a donné pour l’humanité mais sur tous faisons
le chez nous car le meilleur de nous est ailleurs  


merci tahar

[tah'art]

Salut Nanruy !


Merci pour la visite et pour le commentaire que vous avez posté. Ce que j'attends, en toute franchise à travers mes modestes écrits, n'est nullement une reconnaissance "des européens" ! C'est
plutôt l'universalité dans notre culture millénaire. D'ailleurs, j'ai des écrits que je publies pas sur mon blog et qui traitent de la philosophie populaire kabyles qui n'a rien à envier à la
philosophie moderne. Mais, il faut aussi admettre que nos ancètres berbères n'ont jamais écrit en notre langue, ce qui a engendré cet immence retard dans la culture savante chez nous. La culture
orale que nous essayons (tant bien que mal) de sauver des griffes de l'oublie a engendré un retard immense vis-à-vis de la culture universelle. Ces occidentaux qui ont bien sûr leurpart de
responsabilité à travers toute la période coloniale que notre pays a connu. Il ne faut pas non plus oublier que le siècle des lumières, dont s'inspire le monde entier à notre époque est une
avancée humaine incontestable. Alors, ce que nous devons et essayons de faire nous autres, c'est d'affirmer notre culture avec sa part d'originalité et d'universalité à l'image de Vava inouva de
Idir.


Au plaisir de vous relire Nanruy.


Tah'art.