Nietzsche, les gendarmes et le peuple Kabyle

 


Que l'Etat n'a jamais été la patrie, celà va de soi, mais qu'il s'érige en ennemi juré de cette dernière en usurpant l'identité de ses sujets, justifiant ainsi ses actes par la volonté même de "son peuple", celà traduit alors le mépris et la négation des gouvernants imposteurs de la cité et le caractère pervers de leurs pratiques...Des fossoyeurs qui transforment leur patrie, à l'aide de leurs gendarmes et de leurs sbirs, en fosse commune d'un peuple bien vivant.
C'est dans ce sens que Nietzsche voyait dans l'Etat, un monstre froid.
 Il y a, disait-il dans, Ainsi parlait Zarathoustra"quelque part encore des peuples et des troupeaux, mais ce n'est pas chez nous mes frères, chez nous il y a des Etats."
Il est vrai que l'Etat est une invention relativement récente, d'ailleurs, quelques tribus existent même de nos jours, sans aucun réél attachement à cette institution. Contairement à la vieille Europe dont parle Nietzsche en disant : "...
chez nous il y a des Etats".
    Si on prend le cas de la Kabylie, l'époque de ces peuples auquels Nietzsche faisait allusion, remonte à la nuit des temps en arrière. Une époque où le peuple berbère en général, et kabyle en particulier, jouissait, un tant soit-peu, d'un semblant de "quiétude culturelle", d'une organisation humaine soumises à ses propres lois. Driss Chraïbi, dans Oum El Rabiî, La mère du printemps, brosse un portrait de cette ère pré-islamique chez les tribus berbères du Maroc, en conjugant talentueusement la description romanesque et les faits historiques. Dans cette oeuvre, nous retrouvons le vrai sens d'un peuple : un groupement humain, partageant les mêmes valeurs, le même idéal, vivant comme un troupeau en totale harmonie avec la nature et les hommes...contairement au rassemblement factice voulu par l'Etat et qu'elle guide selon ses desseins, qui s'éloignent de plus en plus de ceux du peuple et de la volonté générale.

Revenons à notre Etat. Voilà, ce que Nietzsche en pense :
"Etat, qu'est-ce que cela ? Allons ! ouvrez vos oreilles, je vais vous parler de la mort des peuples. L'Etat, c'est le plus froid de tous les monstres froids. Il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : « moi l'Etat, je suis le peuple ». C'est un mensonge ! ."
Le peuple, selon le dictionnaire (Média DICO Google), représente :
a) - Multitude d'hommes d'un même pays et vivant sous les mêmes lois.
b) - Ensemble des citoyens constituant une nation.
c) - Partie la plus nombreuse et la moins riche de la nation.
d) - Foule, rassemblement.
Je vous laisse méditer, et choisir parmi ces définitions, celle qui vous semble la plus appropriée pour désigner le peuple kabyle à titre d'exemple!
Pour Nietzsche, les créateurs des rassemlements humains, avant l'avénement de l'Etat-gendarme, ceux-là avaient de bonnes intentions ! Ce sont des meneurs de troupes, des sages qui sont parvenus à asseoir tout un monde de mythes et légendes et d'une vision poétique du monde. 
 "Ils étaient, disait-il, 
des créateurs ceux qui créèrent les peuples et qui suspendirent au-dessus des peuples une foi et un amour : ainsi ils servaient la vie. Ce sont des destructeurs ceux qui tendent des pièges au grand nombre et qui appellent cela un Etat : ils suspendent au-dessus d'eux un glaive et cent appétits."
En définitive, la haine de l'Etat-gendarme qui reigne en Kabylie depuis longtemps témoigne bien de l'existence d'un peuple qui persiste et signe son refus de la fosse commune. Car "partout où il y a encore du peuple, il ne comprend pas l'Etat et il le déteste comme le mauvais œil et une dérogation aux coutumes et aux lois." disait Nietzsche !
 

                                                                                            Tah'art. 

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