Si Moh 1990


Lemsella-photos 0001 - Copie
         Suite à mon article : Si Moh : "j'aime la plume...", publié le 20 janvier dernier sur Kabylie des plumes, et prenant compte du commantaire de Amar Ameziane, que je salue au passage, sur l'illisibilité et le risque de myopie à toute tentative de lecture de l'article de Farid Abache, j'ai déçidé de me ressaisir et de re-saisir le contenu intégral de cet article.
         Du coup, j'ai repris mon illustration "chiffonnée", mais que j'ai gardée avec soin. Elle nous parle d'un temps...où la cassette était un support en voie de disparition, à l'image de ce tapis volant faisant office d'étiquette qui se décolle pour nous faire traverser le monde des rêves. Mais un tapis décoré avec des motifs bien de chez nous, pour illustrer la chanson : "Ghas aludh yebwedh-agh s ammas, alma ighum-agh ara netsru!"...
         Puis, y a l'amour, représenté (dans l'illustration) par ce visage de femme métamorphosé en un nuage...et cette musique symbolisée par une cataracte de notes de musiques descendant de ces nuages.
         Passons à présent à l'article de Farid Abache, dont voici l'intégralité du texte :

              Si Moh : le monde féerique du roi Salomon

         L'art découlant de la source abyssale, chariant la quintescence humaine nous transporte vers l'univers de couleurs oniriques qui nous amènerait à penser que notre existence porte en ses plis de faramineuses surprises.
Je vous invite à prendre en ma compagnie un tapis volant et glisser à l'insu de Dieu dans une miroitante vastitude où fleurissaient jadis les mille amantes du roi Salomon. A présent, il s'y meut une cataracte d'accords pittoresques, des correspondances du son et du sens, collectés avec componction, au long des croisières d'antan...
          De nos jours, il n'y a pas d'individus, il y a des foules qui n'ont pas cure de l'heure où l'on regarde profondément en soi qu'est minuit sans âme qui vive...
          Prenons une strophe de l'une de ses chansons :
          Muqel-ed ur tmes
          Asghar-ina dges
          Am nek la itezzu
          Xas sud-ed ghures
          Ma truh akken at-tens
          Lamer a d-iyi-cbu...

          Regardez cette fournaise,
          Voyez-vous cette branche qui y brûle.
          Je vous jure qu'elle brûle autant
          Que mon coeur de braises.
          Mais tâchez d'y souffler.
          De crainte qu'elle vienne à s'éteindre.
          Et pour que son incondescence
          Egale toujours la mienne.

        Délectons-nous de cette comparaison expressive : l'objet auquel on compare est censé être plus accentué que l'ojet comparé en ce qui conserne la qualité commune...couramment, on dit que l'on brûle comme du feu. Si Moh a innové et enjolivé la comparaison classique...Mettons également en relief la valeur des sonorités, l'harmonie imitative qui suggère l'image d'un feu nocturne...La litération des lettres "S", "D", "Y" qui expriment selon Grammont un bruit répété...
         Ainsi le texte poétique de Si Moh est-il nourri de connotations que Barthes préfère de beaucoup à la communication...
         Avec le même laconisme, on embrasse l'autre facette de la chanson de Si Moh qu'est la musique...De nos jours, chez nous encore plus qu'ailleurs, la musique ne sait plus quelle langue parler selon l'expression de Jean-Claude Piguet...
         La mélodie de Si Moh fait fusion avec le texte, les instruments ne se manifestent qu'au moment adéquat...Je souligne les notes du xylophone qui pleuvent à l'instar des pleurs de l'inerprète qui dit : "Je me suis enivré, je me suis mis à sautiller. Et à verser des larmes..." Ainsi que la conception pianistique parfois mise en appoggiature qui confère à la tessiture contrapuitique une harmonie qui caresse et berce l'oreille...
         En substance, la musique de Si Moh n'exprime pas de sentiments, elle les incarne plutôt pour les susciter chez l'auditeur...Frank Martin, n'a-t-il pas de son côté, invité les musiciens à répudier l'expression en musique et qu'être l'incarnation, en rejoignant Ansermet qui dit in extenson : "La musique n'est pas le langage des sentiments, mais elle est sentiment comme langage".
        En guise de fin, je ne puis que déplorer l'indifférence des masse-médias vis-à-vis de ces rares génies qui égrènent un peu d'epérance dans l'aridité de notre vie et l'intérêt excessif qu'elles axent sur les fonfarons de tous bords : Takfarinas, Asma, La Rai, etc. Farid Abache.




  
          












       

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
A
<br /> <br /> Azul,<br /> <br /> <br /> Voici un article sur le nouvel album de Si Moh. Bonne lecture !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://musickabyle.musicblog.fr/1322966/_/<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> Merci Tahar pour votre réponse. J'ai lu l'article de Farid Abache avec plaisir. Hélas, comme il le dit si bien, le temps est aux fanfaronnades de toutes sortes...Que peut-on faire lorsque les<br /> auditeurs en reclament de plus en plus ?<br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> Merci infiniment d'avoir re-saisi le texte de Farid Abache. Merci pour votre esprit de partage. Amar Ameziane<br /> <br /> <br />
Répondre
Tahar HOURI © 2015 -  Hébergé par Overblog