Djamila Bouacherine : une artiste du fil (Lemsella, Kabylie)
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Djamila : Tumξint n tfettusin !
Djamila, derrière sa machine à coudre. Photo de Kamel BOUACHERINE.
On dirait qu'elle est naît le fil à la main. Djamila, dès sa tendre enfance prenait place auprès de sa grand-mère et sa mère sur une peau de mouton, derrière le métier à tisser "Azetta", pour confectionner des tapis ornés de motifs à la fois improvisés et hérités d'une tradition artisanale ancestrale, avec des couleurs tellement vives qu'elles vous donnent le vertige. Des tapis qui serviront aux futures mariées, mais aussi à se protéger du froid de ces nuits hivenales glaciales de Lemsella. C'est justement par ces nuits d'hiver que Djamila bas la mesure comme une joueuse de percussions sur son métier à tisser, et ça donnait un rythme régulier : "Dev, dev, dev, dev..." et celà donnait de la compagnie aux ruelles vides et froides de Lemsella.
Ses tapis sont d'une telle beauté que leur présence dans des manifestations culturelles de l'A.C.T.L "Association Culturelle TiΓilt n Lemsella" est indispensable. Quelques pelotes de laine, d'autres de coton, la dextérité de son doigté aidant, Djamila vous orne même les murs les plus mornes du village pour les transformer en jardin fleuri durant les festivités du village.
Djamila est également d'une générosité irréprochable. Elle a initié bon nombre de filles du village à son activité et répondu sans hésitation à des demandes d'aide des villageoises pendant le montage du métier à tisser et au cours de sa réalisation.
A côté du métier à tisser, elle réalise de magnifiques robes kabyles. L'originalité de ses robes est dans la simplicité de leur esthétique en ce sens qu'elle obéit à son intuition en gardant ce fil d'Ariane qu'elle a hérité de la tradition, contrairement à la couture "dite moderne" de la robe kabyle, qu'on retrouve dans les magasins de nos villes en Kabylie et qui est visiblement influencée "de trop" par une couture qui as rompu avec cette esthétique qui nous est propre.
Voici quelques unes des réalisations de Djamila :
Des robes belles par leur simplicité, et de surcroît, modernes! Photo : Kamel BOUACHERINE.
Le rouge et le noir, l'or et l'argent, vous avez vu ? Photo : Kamel BOUACHERINE.
La simplicité de la robe kabyle dans sa plus noble expression! Photo : Kamel BOUACHERINE.
Je profite de cet article pour rendre hommage à toutes les filles de Lemsella, à la section féminine de l'Association Culturelle Tighilt, à Samira HAMEL, la responsable de la section.